"Exercez l'hospitalité en tout temps, car beaucoup d'entre vous, sans le savoir, ont hébergé des anges ! » (Saint Paul, Lettre aux Hébreux 13, 1)

"Exercez l'hospitalité en tout temps, car beaucoup d'entre vous, sans le savoir, ont hébergé des anges ! » (Saint Paul, Lettre aux Hébreux 13, 1)

« Chaque mot que bredouille un inconnu peut-être un message à toi adressé. À chaque instant, la porte peut s'ouvrir sur ton destin et, par les yeux de n'importe quel mendiant, il peut se faire que le ciel te regarde » nous rappelle Christiane Singer.

Cependant, l'hospitalité n'est pas que dans le sens horizontal, de l'autre à accueillir en soi, mais nous parle aussi de l'hospitalité faite à soi même.

Notamment envers ces parties de nous que l'on aurait tendance à juger, à condamner, à bannir sans vraiment avoir pris le temps de les contempler et de les remercier.

Car ce ne sont finalement que des reflets d'espaces pas encore éclairés.

Exerçons l'hospitalité en tout temps avec nous-mêmes, car en nous accueillant, nous ramenons naturellement et avec une douceur qui se révèle, ces parties non aimables vers le foyer, vers le centre où elles peuvent enfin s'offrir, ne plus résister et se dilater dans la présence.

Il est fort probable que dans ce processus d'accueil de tous ces fragments jusque-là inconscients de nous-mêmes, de ces éclats condamnables, il nous soit offert le mouvement vital de l'ange, de l'en-je, du renversement total de notre être dans sa profondeur.

Car il n'y a que dans ce refuge en soi, dans la demeure de l'éternel, que l'on peut toucher à la qualité d'Amour inconditionnel, qui me fait passer du bourreau qui conditionne le vivant à la présence qui met à jour le champ d'unité, levant ainsi toutes les barrières, toutes les illusions de séparation.

Ce que l'on était prêt à envoyer à l'échafaud, sous condamnation de notre juge intérieur, vient en fait révéler une qualité essentielle, peut-être jusque-là inaccessible : la compassion.

La compassion, qui s'ouvre en moi d'avoir vu cette part du monstre longtemps nourrie inconsciemment, vient défier toutes mes croyances, vient abattre les limitations que j'ai imposées à ce que devrait être l'Amour. En effet, cette part intolérable, monstrueuse vue en moi, m'apprend la plus grande des leçons : déconditionner ma perception de l'Amour, pouvoir enfin aimer comme l'Éternel aime, se voir dans la capacité de s'élever en sa hauteur.

Cette compassion embrassée, initiée par ce mouvement intérieur, est un cadeau pour soi, mais aussi à offrir au monde, à tout un chacun.

Il y a comme un pacte invisible qui s'ouvre : « Tu as pu voir ça en toi et aimer l'œuvre de Dieu qui se fait à travers, alors à présent, va, aime, l'œuvre qui se fait chez chacun de tes frères et sœurs », un vœu d'allégeance silencieux qui, par cette vérité faite en dedans, viendra et devra être insufflé en dehors.

La compassion enfante inéluctablement la patience, une vertu qui peut naître de cet accueil, de cette union qui fait tomber toute barrière entre soi et le monde.

Offrir la patience envers chaque être, afin que chacun puisse à son tour s'accueillir, se voir et se fondre dans la présence.

On observe que le mot hospitalité résonne fortement avec le mot hôpital, une résonance qui s'explique par une étymologie qui les relie ; par écho commun, on comprend qu'accueillir, c'est déjà guérir.

Jade Rosenbaum