L'éternel optimiste ou la lumière au milieu du désert
- Jade Rosenbaum
- 14 mai
- 4 min de lecture

Dans son ouvrage "La monde commence aujourd'hui", Jacques Lusseyran explique que certains lui ont reproché son optimisme par ce genre de phrase :
"On vous parle guerre, et vous répondez vie. Cécité (aveugle), et vous répondez lumière.
Mais où sont pour vous la souffrance, l'usure ? Et qu'allez-vous répondre si l'on vous parle de la mort possible de notre Terre ?"
Ainsi déjà à son époque on lui reprochait son optimisme dans un monde présentant tout juste les prémices du déclin, fin 1950.
Et bien, je suis comme Jacques une éternelle optimiste.
Quand vous me dites : ombre, je vous dis lumière non accomplie ; mort, je vous dis vie ; destruction, je vous dis renaissance.
Comme les détracteurs de monsieur Lusseyran, certains reprocheraient à mes propos de nourrir ce qu'ils nomment comme de la "positivité toxique",
mais pourtant ces mots traduisent simplement ce que nous révèle à chaque instant l'expérience même de la vie.
La nature elle-même nous parle, nous enseigne, incarne tout ceci sous nos yeux pour nous rappeler ces vérités qui nous animent, dont nous sommes les gardiens, les agents sur Terre.
Ce qui est de plus inconcevable et énigmatique pour l'homme moderne, c'est cette fatalité de l'existence, c'est-à-dire que même lorsqu'il n'y a plus rien au premier abord, en fait, tout est là, en silence. C'est un mystère, un secret dans lequel il faut plonger, et pour cela oser plonger en soi.
Ne plus être dans cette recherche en dehors de soi, mais opérer ce mouvement dans l'UN-connu qui nous habite.
Tout ce qui peut se présenter comme un événement tragique devient un argument facile pour discréditer la nature de l'être optimiste.
Mais l'optimisme n'est pas une posture intellectuelle pour se voiler la face ou se rendre aveugle à la réalité.
Au contraire, l'optimisme est un état d'être et permet une lucidité sans faille sur ce qui est à l'œuvre même face au plus funeste.
L'optimisme est ami de la foi, c'est une révélation qui a lieu en nous, dans l'intimité, dans la profondeur de notre monde intérieur.
Cet état de présence est la rencontre de la Vie dans son essence la plus authentique, dépouillée de toute projection de forme, cela se dévoile par l'expérience et parfois, souvent même, via des expériences des plus douloureuses.
C'est souvent dans ces moments de vie où nous perdons tout, où il n'y a plus rien, plus rien qui nous retient, que nous nous abandonnons.
Et quand il n'y a plus rien à quoi s'accrocher, la grande révélation a lieu : la vie est là, toujours au rendez-vous présent.
La vie, pour la connaître et pour la sentir, elle n'était donc pas dans des conditions extérieures; elle EST, et se présente en nous, nue, sans aucune forme, simplement comme un courant qui nous soutient et ne nous lâche pas. La vie ne nous abandonne jamais, c'est à nous de nous abandonner en elle.
Et même lorsqu'on se croit mourir, que l'on se sent partir, et bien cette force vient nous cueillir.
Il devient vital de développer la gratitude, non pas seulement pour ce que la vie nous donne, remplit, réalise selon notre volonté, mais aussi pour tout ce qu'elle nous reprend, ne nous donne pas, nous prive pour nous harmoniser à la grande Volonté.
Car dans ces moments qui nous semblent nous rendre vides, pauvres, il nous ai donné, de façon très déguisée, le plus beau des cadeaux : celui de goûter la vie pour ce qu'elle EST réellement, c'est-à-dire la présence au-delà de toute forme.
"Le monde de la matière ne peut plus me nourrir, qu'il en soit ainsi, car le feu de l'Esprit brûle en moi et vient me nourrir par le Verbe de l'être éternel."
"Personne ne semble m'aimer dans le monde ; peu importe, un cœur ardent bat en moi et me remplit d'un amour infini qui ne demande qu'à se répandre à l'extérieur. Aimer devient mon moteur."
"Je ne suis rien ; grand bien me fasse, puisque j'ai poli mon cristal, me libérant de toute définition extérieure. À présent, seule la présence divine qui m'anime s'exprime en "je suis"."
Tout ce qui est "enlever" à l'Homme porte dans cette amputation un mouvement; le cadeau du grand retournement.
Il ne s'agit pas de se mentir sur l'expérience vécue, mais de s'harmoniser au mouvement qu'elle induit en nous, qui est une caresse divine, la main de l'Éternel qui nous ramène dans sa demeure.
Et cette demeure est en nous, dans un espace que nul ne peut pilier, que nul ne peut saccager ou abîmer.
Oui, cette demeure existe bel et bien sur Terre, et ne se trouve pas dans un paradis extérieur, dans un ailleurs.
Et ce sont souvent les êtres, qui comme ici avec l'exemple de Jacques Lusseyran, ont vécu l'enfer sur Terre, qui peuvent témoigner de leur vivant de cette demeure intérieure.
"La vie intérieure, c'est cela : c'est savoir que la paix n'est pas dans le monde, mais dans le regard de paix que nous portons sur le monde."
"Il y a une réalité : c'est que nous pouvons accueillir la vie. Ce droit, nous l'avons.
Nous avons la lumière ; si nous ne la refusons pas, nous pouvons, avec elle, éclairer toutes choses.
Nous avons le son, et avec lui, nous pouvons tout entendre.
Nous avons l'amour, et avec lui, nous pouvons aimer les êtres, même les êtres particuliers."
Pour finir sur cette belle citation de Jacques Lusseyran, je préciserais qu'il ne s'agit pas uniquement "d'avoir", la lumière, l'amour, mais plutôt de ce que nous sommes réellement.
C'est parce que nous sommes réellement cette lumière, cet amour, que nous pouvons tout éclairer, tout arroser de notre présence et voir ainsi le monde éclore dans sa vérité.
Même lorsque ce monde paraît de plus en plus désertique, de plus en plus desséché, c'est justement un monde qui crie en silence la soif de cet amour, de cette lumière, et par lequel nous sommes appelés à faire s'écouler depuis notre cœur la Source qui est en nous.
Jade Rosenbaum
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