La vocation du mot Dieu, son initiation

Le mot Dieu n'a pas pour vocation de définir ce qu'est Dieu, mais bien d'en faire l'expérience.

Actuellement, les mots ont perdu leur sens initial.

Dans notre monde matérialiste, un mot est utilisé pour nommer ce qui est, afin d'en tracer les contours, d'en donner une définition.

Ainsi, le mot n'a plus que pour seule utilité; définir, telle une case qu'on place autour de la chose ou du sujet que l'on veut verbaliser.

Le mot, le langage, sont devenus de simple serviteur de la circonférence, de la forme qui entoure et s'est vidé de son sens.

Pourtant, à l'origine, les mots sont des élans, des mouvements qui viennent révéler en nous le courant, la mélodie qui lui a donné vie.

C'est un jaillissement!

Les poètes ont l'art de ce secret, du sens primordial des mots.

Un poète ne définit rien, oh non, il vous ouvre à l'expérience du mot.

Il ouvre des portails qui vous initie à la science du Verbe.

Les mots sont là pour amorcer en vous le mouvement de leur essence.

C'est notamment pour cela que le mot Dieu est si rejeté et craint ; beaucoup attendent que celui-ci définisse quelque chose de précis,

quelque chose que le mental peut appréhender, justifier, voire prouver.

Mais c'est tout l'inverse : c'est un mot qui ne définit rien, car il est la la définition de Tout ce qui est, manifesté ou non manifesté.

Dieu est plutôt le mot qui définit toute chose, puisqu'il en est la source, depuis laquelle toutes les formes découlent.

Si la parole n'est plus d'or à ce jour,

c'est que les mots employés sont utilisés comme des briques séparées que l'on pose à la suite,

créant ainsi des barricades entre les êtres, érigeant des murs d'opacité, des murailles au service de la forme qui ne permettent plus de partager le fond,

l'esprit dont le mot est le gardien ou l'invocation.

Retrouvons en nous l'âme du poète afin de retrouver le sens initial des mots et du langage.

Et ainsi, réhabiliter le mot Dieu dans sa nature comme expérience transcendantale.

Jade Rosenbaum 🌹